L’inclusion du secteur brassicole : pour un futur plus égalitaire !

Lundi 14 mars, le Syndicat National des Brasseurs Indépendants a changé de nom pour Syndicat National des Brasseries Indépendantes, mais pour quelle raison ? On vous explique.
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Lundi 14 mars, le Syndicat National des Brasseurs Indépendants a changé de nom pour Syndicat National des Brasseries Indépendantes, mais pour quelle raison ? On vous explique.

Une lettre ouverte sur l’inclusion des femmes dans le secteur brassicole a été signé par près de 100 actrices de cette branche d’activité. Le but ? Arriver à un monde de la bière davantage inclusif. Et ce mouvement a frappé fort puisque ce 14 mars 2022, le Syndicat National des Brasseurs Indépendants (SNBI) a voté à majorité à un changement de nom pour devenir le Syndicat National des Brasseries Indépendantes. Ce mouvement n’est pas anodin puisque depuis quelques décennies maintenant, de nombreuses femmes issues de différentes branches d’activité souhaitent changer les règles et les institutions en place depuis leur installation et sont reconnues pour être trop « masculines ». 

Une volonté de changement

Dans la lettre ouverte de Bière Inclusive (à retrouver en lien annexe du blog), nous retrouvons de nombreuses mesures et volontés de changement comme :

  • Une forme plus inclusive des annonces, en privilégiant des termes féminins comme « Brasseries » plutôt que « brasseurs ».
  • Mettre fin aux noms et iconographies de bières pouvant être discriminantes et dégradantes.
  • Une visibilité des femmes dans ce secteur davantage importante (pas seulement lors de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, le 8 mars).
  • Former les entreprises à faire face à toutes types d’harcèlements et de discriminations envers les femmes.
  • Mettre en place des chartes claires et les faire signer
  • La rémunération des femmes lors de leurs interventions dans des conférences, formations…

L’intervention de nos formatrices chez Brew Society

Trois formatrices sont présentes au sein de notre centre de formation Brew Society. Afin de montrer davantage l’importance de ce mouvement, nous avons posé quelques questions à deux d’entre elles, et voici leurs réponses.

De quelle manière interviens-tu chez Brew Society ?

Amira :

Je suis formatrice externe, et j’ai réalisé 2 formations de 2 jours à ce jour sur la formation brassage 2 sur les modules de l’eau, les matières premières et la biochimie.

Hélène : 

Cela fait maintenant un an que j’interviens chez Brew Society. Je suis formatrice interne, j’accompagne les élèves tout au long de leur formation : cours pédagogiques, cours e-learning, présentation de nos pico-brasseries et micro-brasseries…

Que penses-tu de cette lettre ouverte ?

Amira :

Je la trouve très inspirante. Il est vrai que la place de la femme dans le milieu brassicole est considérée comme amateuriste, tant sur la formation que sur la pratique. C’est un milieu avec beaucoup d’a priori où il est assez difficile de se faire une place. Je suis en phase avec la lettre ouverte. Il est important d’avoir une parité, de faire évoluer les jargons, et de ne pas utiliser la femme comme un argument de vente. Je pense qu’il faut soutenir les femmes qui s’engagent dans le domaine brassicole, à l’instar des femmes ingénieures. 

Hélène :

J’ai été confrontée durant ma carrière de brasseuse à de nombreuses problématiques sexistes et racistes venant même de la part de directeurs d’usine ou de chefs d’entreprise. Il est vrai que c’est un vrai sujet en brasserie mais plus généralement dans les milieux où les hommes sont fortement présents.

Donc je comprends toutes ces femmes qui souhaitent se battre pour exercer leur passion/travail en toute sécurité. Les revendications sont légitimes, l’ensemble des points repris sont justifiés. Et je les remercie sincèrement de percer cet abcès.

En tant que centre de formation, nous avons il est vrai un rôle à jouer pour faire évoluer les choses. Je trouve que le fait que les hommes se laissent former par une femme en brasserie est pour moi déjà un bon point !

En tant que formatrice, qu’est-ce que tu aimerais changer sur ton quotidien ?

Amira : 

Dans mes expériences en formation, j’ai rencontré plusieurs types de discriminations : sexisme, capacitisme, blagues misogynes etc. lié uniquement au fait d’être une femme, et jeune qui plus est. Les initiatives proposées par la lettre sont à mon sens très importantes pour faire évoluer le secteur brassicole.

Il y a un manque notable de femme dans l’industrie de la bière. Je le vois bien dans les brasseries que je visite ou dans les groupes de personnes en formation avec un public jusqu’à présent 100% masculin. Je pense qu’avec l’essor des brasseries artisanales et de ce manque de diversité, il faut mettre en place de structure de soutien aux femmes, mettre en place des procédures pour aider, accompagner et faciliter l’intégration de la femme dans ce secteur.

Le sexisme doit stopper sur différent niveaux et va nécessiter un travail de fond sur les mentalités et proposer des actions concrètes, tant au niveau des formations, des brasseries mais aussi sur la communication.

Hélène :

Je n’ai depuis un an malheureusement formé que quelques femmes (5 ou 6 à tout casser sur plus de 300 élèves), ce sont pour la plupart des hommes qui participent aux formations. Mais ça ne me dérange pas, jamais je n’ai eu de problème par rapport à cela, il faut faire preuve de rigueur et de professionnalisme.

Il nous est demandé dans cette lettre (écoles et centres de formation) de prendre en compte ces problématiques dans nos cursus. Pour ce qui est de nos formations, nous en parlons systématiquement dans le module sécurité et notamment dans les risques psycho-sociaux. Comme tout risque inhérent au travail, ces risques de harcèlement sexuel et d’agissement sexiste doivent être pris en compte dans le D.U.E.R.P et faire l’objet d’actions. Je n’hésite pas à faire part aux élèves de l’expérience vécue et nous les sensibilisons au maximum à ce sujet. Il est vrai qu’avoir des lignes directrices et des recommandations de la part des syndicats pourrait effectivement nous aider.

J’ai remarqué que ces problématiques étaient plus prises en compte dans les grosses brasseries (dont la production annuelle est supérieure à 200 000hl – 250 employés) car la loi les oblige à nommer un référent pour aider à lutter contre le harcèlement sexiste et sexuel et à réaliser des actions de formation et sensibilisation sur le sujet. Cela ne veut pas dire qu’il n’y est pas de cas mais que le sujet est initié.

Si tu souhaites ajouter quelque chose, tu es libre de dire ce que tu veux ajouter :

Amira :

Être formatrice est ma profession secondaire, je suis aussi cheffe d’entreprise, mais certaines les problématiques rencontrées sont sensiblement pareilles. Ce que j’aimerais changer dans mon quotidien de formatrice, c’est avant tout de ne pas avoir à me légitimer à chaque début de séance en étalant une partie de mon CV sur le domaine brassicole et sur le pourquoi je suis légitime de former. J’aimerais également mettre une place des petites règles avant de démarrer pour me préserver de toute remarque déplacée pendant la formation. 

Hélène :

Je suis très contente de voir cette solidarité entre femmes mais cela ne doit pas passer par un clivage entre les hommes et les femmes mais plutôt d’apprendre à travailler ensemble car nous sommes complémentaires et qu’il y a de belles choses à faire conjointement !

Nous remercions Amira et Hélène qui nous ont apportés de précieuses réponses. 

Annexe : 

Lien de la lettre ouverte : https://biereinclusive.tumblr.com

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